Esperanza logo rond identite visuelle siteEsperanza Joie des Enfants

Retour


Quel est le budget de l'Etat malgache ?

Si nous intervenons depuis 1996 à Madagascar, et avec Esperanza Joie des Enfants des centaines d’associations sans compter les nombreuses institutions internationales de coopération, c’est bien parce que le pays est depuis bien longtemps dans une situation économique et sociale parmi les plus démunies de la planète. Notre propos n’est pas ici de tenter de trouver des clés d’explication de cette situation paradoxale (pour un pays riche de ressources et de tout temps sans conflit extérieur) parmi les multiples raisons historiques et actuelles qui maintiennent le pays et sa population dans cette situation de misère et de précarité, mais de vous faire part de quelques points de repères récemment mis en avant dans l’actualité malgache.
Le nouveau premier ministre, Jean Ravelonarivo, effectue en cet été 2015 une tournée des régions de la Grande Ile pour expliquer les projets de réformes que le gouvernement compte engager dans le cadre d’un « Programme national de développement », en s’appuyant sur la réaffirmation d’exigences de « rigueur, persévérance, intégrité et loyauté dans le respect de l’état de droit ». Il ne nous appartient pas de juger de la crédibilité de cette nouvelle tentative et de ces propos d’un gouvernement malgache. Nous ne pouvons pour le bien de tous que souhaiter la réussite de cette démarche. A cette occasion le chef du gouvernement rappelait quelques éléments concernant budget de l’Etat :
- "le budget de l’Etat malgache s’élève à 4 400 milliards d’Ariarys " soit environ 1,2 Milliards d’euros, 53 euros par an et par habitant Par comparaison c’est 174 fois moins rapporté au nombre d’habitants que le budget de la France. Plus significatif, le Mozambique voisin qui depuis 1994 après avoir retrouvé la paix affiche un taux de croissance annuel supérieur à 7% consacre par habitant un budget 7 fois supérieur à celui de Madagascar. La conclusion est simple : face à un appareil d’Etat démuni (qui souvent n’est pas même en capacité de payer ses fonctionnaires) il n’est guère possible d’exercer les fonctions régaliennes de tout Etat et encore moins envisageable d’entretenir et renforcer des infrastructures défaillantes (routes, aéroports, installations portuaires, secteurs de la santé et de l’éducation) qui puissent soutenir une dynamique de développement. L’initiative privée devrait évidemment prendre sa place dans ce dispositif comme semblent le montrer plusieurs opérations récentes (déploiement des réseaux de téléphonie mobile, mise en concession de l’aéroport de Tana, partenariat public privé pour le renforcement de la production d’électricité…).
- près de la moitié de ce budget est consacrée aux rémunérations des 150 000 agents de l’Etat. (en France 5 600 400 – source Wikipedia- sur le même périmètre d’activités, soit à population équivalente une proportion en France trois fois supérieure au ratio malgache). Autant dire que le budget de fonctionnement capte une part majeure de la dépense (comme dans bien des pays) au détriment des capacités du budget d’investissement.
- point critique souligné par le premier ministre malgache lui-même (mais bien connu dans l’Ile…) : « 50.000 d’entre eux sont des fonctionnaires fantômes dont le décryptage est à boucler au plus tard le 31 décembre 2015 » (avec une action en cours depuis le début de l’année, soutenue par l’Union Européenne). Cette remise en ordre de la fonction publique passera par une révision du statut de ces fonctionnaires et l’unification en un seul statut général de la fonction publique.  
Parmi les priorités que rappelle Jean Ravelonarivo :
- la lutte contre la corruption avec la mise en œuvre d’une « chaîne spéciale de lutte contre le trafic de bois de rose » (des tribunaux indépendants dédiés et aux pouvoirs élargis), qui devrait être étendue à d’autres formes de pillages des ressources et de trafics (« les ressources marines, les espèces animales et florales, les richesses du sous-sol, les ossements humains, qui font également l’objet de trafics frénétiques »).
- « la mise en place d’énergies renouvelables » avec 464 milliars d’ariarys consacrés dans le budget (10% du budget de l’Etat).  Tant il est vrai que sans énergie il n’est guère de développement possible !
- « la construction de nouvelles salles de classes » avec 188 milliards d’ariarys (5% du budget de l’Etat)
- « la rénovation des routes, les nouvelles adductions d’eau, la mise en place de systèmes d’internat pour les jeunes étudiants »
 
Un vaste programme dont l’histoire nous dira dans quelques mois si au-delà de la volonté, la capacité de concrétisation permet enfin d’avancer sur le chemin du développement, dans un pays qui globalement continue à s’appauvrir avec un taux de croissance économique (3%) proche du taux de croissance de la population (2,8%) et une monnaie qui se dévalorise renchérissant ainsi le coût de toutes les importations.


Cette réponse n'a pas répondu à votre question ?

Nous contacter