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Esperanza et la Spiruline : un duo prometteur

28/9/14

© Récit de Théo  lors de sa mission  d'août 2014 :

Le 4 août 2014, le premier coup de pelle des travaux de mise en place d’une culture de spiruline a été donné à Antsirabé, la deuxième grande ville Malgache, au sud de la capitale le long de la "nationale 7". Cette algue verte, cultivée en bassins, possède des propriétés nutritives étonnantes. Dans le cadre du projet Fanantenana (« Espérance » en malgache) l’association française Esperanza Joie des Enfants a donc décidé de conduire un projet de mise en place de la culture de cette algue avec l’aide des Filles du Cœur de Marie de Nazaretakely, une communauté religieuse locale. Retour sur les acteurs et les raisons de la mise en place de ce projet prometteur.
 
La spiruline, qu’est-ce que c’est ?
 
              C’est dans une gravure aztèque datant du 14ème siècle que l’on trouve la première référence historique à la spiruline. Les aztèques appréciaient cette algue à des fins alimentaires, facilement reconnaissable à sa couleur bleu-vert, en raison de ses multiples propriétés nutritives voire médicinales tout au moins en termes de prévention. La spiruline a par la suite été cultivée, à partir des années 1970, par des pays en voie de développement comme la Chine ou l’Afrique du Sud. Incroyablement riche en protéines (60 à 70%, soit trois fois plus que la viande de bœuf) et en vitamines, facile et rapide à cultiver, cette algue se pose ainsi comme un complément alimentaire efficace et bon marché rétablissant l'équilibre nutritionnel dans des pays dont les populations souffrent d'une malnutrition chronique qui affecte leur développement physique et leur développement intellectuel ainsi que leur résistance aux maladies.
 
               La spiruline se cultive dans des bacs remplis d’eau et nécessite donc la mise en place d’infrastructures adéquates mais peu coûteuses. Une fois ces bacs construits et fonctionnels, la culture est facile et les rendements prometteurs. Ainsi sur une période d’un an, une surface de culture relativement modeste (300m²) peut rendre annuellement une production d’environ une demi-tonne de matière sèche ! En effet la spiruline a un cycle de croissance exceptionnellement rapide, de l’ordre de 100% en 24h ! Ainsi la récolte est quotidienne. Une fois déshydratée, elle est directement prête à la consommation, à la  commercialisation ou au conditionnement sous différentes formes (crèmes, yaourts, bonbons, …).
 
Une aubaine pour les ONG
 
              C’est sans surprise que différentes ONG tournées vers l’aide alimentaire se sont vivement intéressées à cette algue aux propriétés étonnantes. En effet nombreuses sont les personnes souffrant de carences alimentaires dans les pays en voie de développement comme Madagascar et dont le riz reste au quotidien la principale source d’alimentation. L’introduction de spiruline dans leur régime alimentaire permettrait à elle-seule d’assurer la quasi-totalité de l'apport journalier nécessaire en protéines, vitamines, sels minéraux, fer et autres condiments habituellement absents de leur alimentation mais indispensables au fonctionnement de l’organisme. Aussi sa production simple et rapide, qui peut être organisée localement, permet de mettre en place une autonomie alimentaire et financière pour les centres nutritionnels, mais aussi de dynamiser l’économie locale en embauchant les exploitants et en assurant la vente d'une partie de la production.
 
              Lors d’une entrevue avec le docteur Vohangy, qui gère avec son mari un centre médical au centre d’Antsirabe et qui fait ici référence sur la question de la nutrition, celle-ci m’a confirmé les différents bienfaits de la spiruline, y compris dans les cas de malnutrition aiguë, au-delà de la malnutrition chronique la plus courante. « Un enfant souffrant de malnutrition aigüe peut être « récupéré » après avoir suivi une cure d’un mois et demi ». L’introduction de 2 ou 3 ou grammes (selon le poids de l’enfant à raison d’1g/10kg) de spiruline par jour dans les repas permet ainsi à elle-seule de réaliser à moindre coût ce qu’on peut véritablement appeler un sauvetage nutritionnel.
 
         En effet la malnutrition touche durement la partie défavorisée de la population de Madagascar, qui mange très peu de viande du fait des coûts que cela représente. Le docteur Vohangy effectue chaque semaine et bénévolement des visites dans les centres de certaines congrégations religieuses de la région afin de leur apporter son aide et des conseils sur le plan nutritionnel. Elle me confie que c’est lors de ces consultations qu’elle rencontre le plus de « cas de marasme chez les enfants, qui sont des cas de carence générale ».
 
              Une partie importante du travail réside dans l’éducation des parents afin de les convaincre des bienfaits de la spiruline et de la nécessité d’en donner à leurs enfants. En effet il existe certains cas où les enfants présentent des effets secondaires (diarrhées, maux de ventres, …) suite à la prise de spiruline et, même si ces cas représentent une infime partie des enfants traités, ils suffisent à rendre sceptiques certains parents. Afin d’éviter de tels effets secondaires, il convient de commencer la cure avec de faibles doses, puis de les augmenter progressivement à mesure que le corps de l’enfant s’habitue à la modification de son régime alimentaire. Si l’on fait abstraction de ces cas isolés, les parents se rendent rapidement compte des bienfaits de ce régime qui redonne de la vigueur à leurs enfants pour un prix symbolique.             
 
 Une algue attendue
 
              Au cours de mon reportage et des différentes visites que j’ai réalisées dans une partie des centres alimentaires de l’association Esperanza Joie des Enfants, j’ai pu constater que les attentes envers la spiruline étaient grandes. En effet les personnes responsables de la confection des repas ou de la santé des enfants dans ces centres semblent accueillir très favorablement l’introduction du complément alimentaire dans leur alimentation. Pour ces centres, le fait de mettre en place une alimentation équilibrée leur permet par exemple d’améliorer la concentration des enfants lors des cours, mais aussi de leur assurer un apport journalier en vitamines et protéines pas nécessairement garanti par les repas pris en famille en dehors du centre.
 
              Mais la culture de spiruline par les congrégations religieuses offre également des opportunités économiques non négligeables. Ainsi la part de récolte qui ne sera pas consommée par les centres pourra être commercialisée. L’algue est en effet très demandée par l’industrie pharmaceutique et cosmétique du fait de ses effets positifs sur le cholestérol, la peau, etc … Toujours est-il que la commercialisation de ce surplus permettra aux centres nutritionnels et scolaires de financer certains de leurs projets laissés en jachère, faute de financement. Sœur Eliane, de la communauté de Nazaretakely, me confie ainsi qu’elle compte sur ces revenus supplémentaires pour réhabiliter les locaux de son centre afin d’en faire un collège digne de ce nom. Christian Randrianasolo quant à lui, dans le cadre de sa Maison de la Nutrition, a pour projet de conditionner la spiruline en yaourts et pâtes de fruit afin de la démocratiser sa consommation, embauchant au passage, pour leur production, les mères des enfants accueillis.
  
              La spiruline apparaît donc à Antsirabe comme un élément à la fois moteur et salvateur. Redoutablement efficace dans la lutte contre la malnutrition, facile et rapide à cultiver, peu coûteuse, bénéfique pour la santé, la spiruline nourrit tous les fantasmes. Seul son goût amer entache peut-être, un peu, ce rayonnant tableau... ;+)

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